COMME AU CABARET

 

Comme au cabaret

Je vais vous chanter

De jolies chansons

Graves ou légères

Comme au cabaret

Vous pourrez chanter

Vous pourrez siffler

Ou bien vous taire

Comme au cabaret

Du temps de L'Ecluse

Du temps de L'Echelle

J'aim'rais vous plaire

Comme au cabaret

J'me mettrai à nu

Mais m'déshabiller

Ça j'sais pas faire

Comme au cabaret

Dans l'intimité

On va se parler

Et l'on va rire

Comme des amoureux

Dans un petit lieu

On se dira vous

Dans un sourire

Comme des amoureux

Les yeux dans les yeux

On se dira tout

Et même le pire

Comme au cabaret

Comme des amoureux

On se dira tout

Tout ce que l'on veut

La la lère...

 

 

MERCI

 

Merci d'être entrés dans mon rêve

A l'heure où le rideau se lève

Merci pour ce soir

Merci pour les roses

Et pour la rosée de vos yeux mouillés

C'est pas facile de dire au r'voir

Mais il y aura d'autres grands soirs

Je garde en souvenir

Les éclats de vos rires

 

Et même quand mon piano à voiles

Mettra le cap sur les étoiles

Quand l'ange musicien

Me dira : "Allez, viens

Ne fais pas cette tête 

On va faire la fête"

Si vous tendez vraiment l'oreille

Vous entendrez tomber du ciel

Des notes en ribambelle

Signées Marie Paule Belle

 

TOUT COMMENCE

 

Tout commence, recommence

Comme au temps léger de mes 20 ans

Par une valse, petite valse

Qui s'fout bien de mon âge et du temps

 

Boucles folles qui s'envolent

J'ai changé, mais vous ne changez pas

Parisienne, plus de gêne

Trois p'tits tours et puis me revoilà

 

Je vous aime quand bien même

L'avouer peut paraître indécent

Je vous aime, et je sème

Comme avant mes notes aux quatre vents

 

Années folles qui s'envolent

J'ai voulu vous quitter quelquefois

Parisienne, loin d'la scène

Pour un chagrin qui passait par là

 

Tout commence, recommence

Mon cœur bat tout au bout de mes doigts

Mes errances, mes silences

J'oublie tout puisque nous revoilà !...

 

 

JEUX DRÔLES

 

Sudoku au saut du lit

Mots fléchés jusqu’à midi

Casino de 5 à 7

Perdition à la roulette

Un poker à Saint Sulpice

Un mah-jong avec Ulysse

Bientôt si tu continues

Aux dames je me mettrai, vois-tu ?

 

On s’est connu avec Dow Jones

Tu jouais gros avec audace

Et dans ton grès grand avion jaune

On est parti à Las Vegas

 

Sudoku au saut du lit

Mots croisés jusqu’à minuit

Tapis vert Caesar Palace

Ça sent la liesse dans les liasses

Baccara sans baraka

Sirocco sur le loto

Bientôt si ça continue

Aux dames je me mettrai, vois-tu ?

 

Lassée de ces machines à sous

Hélas au solitaire, je joue

J’aimais mieux les jeux malicieux

Qu’on partageait en amoureux

 

Sudoku au saut du lit

Mots fléchés jusqu’à midi

Haro sur les bacchanales

En onze lettres horizontales

Aujourd’hui je dis banco

Pour un départ en solo

Avec toi je ne joue plus

Je préfère les dames au sudoku

 

 

L'OISEAU GRIS

 

Je voulais seulement 

Te montrer un oiseau

Un oiseau tout gris mais dont le chant est beau

Je voulais seulement

Te montrer la fontaine

Est-ce que c’est un chien ou bien une sirène

Qui se tient sur la queue et qui crache de l’eau ?

Je voulais te montrer un oiseau

 

Je voulais seulement

Te montrer un ruisseau

Une eau prisonnière et qui se plaint tout haut

Te montrer cette fleur qui meurt dans la journée

Est-ce que c’est un lys ou une centaurée

Dont le bleu velouté est celui des vitraux ?

Je voulais te montrer un ruisseau

 

Je voulais seulement

Te montrer la maison

D’un homme dont on a oublié le nom

Je voulais seulement te montrer sa fenêtre

Il buvait parfois, il était fou peut-être

Il chantait cependant c’est tout ce que l’on sait

Et je voulais t’apprendre à chanter

 

Tu es

Parti

Beaucoup trop tôt

Je suis

Restée 

Au bord des mots

 

Tu es

Parti

Bien avant l’heure

Je suis

Restée

Au bord des pleurs …

 

 

TRAJET D'AMOUR

 

On s’est aimé à Santander

On ne s’entendait déjà plus

Après 2, 3 verres de Madère

Tu ne m’adorais plus du tout

 

On est parti pour Pampelune

Voir les taureaux olé olé

Faisant des prières sous la lune

Pour ne pas nous faire encorner

 

Doux, doux, doux, doux, doux, … tu étais

Doux, doux, doux, doux, doux, … nous n’avons pas pu nous aimer

 

On est parti pour Buenos Aires

Pour ne pas frôler le fiasco

On s’est retrouvé, jambes en l’air,

Par terre apprenant le tango

 

Danser, c’était pas ton affaire

On a filé pour Texaco

En amour il faut changer d’air

Et parfois même changer de peau

 

Doux, doux, doux, doux, doux, … tu voulais

Doux, doux, doux, doux, doux, … nous n’avons pas pu nous aimer

 

Tu t’es jété sur Dolorès

Moi j’ai préféré Juanito

On s’est raconté nos ivresses

Pour réveiller nos libidos

 

Tu m’as débarquée à Houston

Ça n’était pas sur le trajet

Tu m’as laissée alone, alone

Pardon je parle pas bien anglais

 

Doux, doux, doux, doux, doux, … tu étais

Doux, doux, doux, doux, doux, … nous n’avons pas pu nous aimer

 

 

JE TE TROUVE JAPONAIS

 

Depuis que je te connais

Je trouve japonais

Quand je viens voir tes estampes

Je tiens bon la rampe

Comme dans le théâtre Nô

Tu m’étreins mais je dis : « no »

Mais un jour tu m’aguichas

Je fus ta geisha

 

[Refrain 1]

 

J’aime le Japon

Dis-je quand commence notre duo

J’aime tes jupons

Français sont nos frissons

J’aime les Français

Dis-tu quand s’achève notre duo

Tu es si bien nippée

Nippons sont nos baisers

 

Depuis mon cœur est à l’aise

J’voudrais être japonaise

Dev’nir Madame Chrysanthème

Plus que forte en thème

Et quand le doute me guette

Tu sais te servir de tes baguettes

Depuis que je te connais

De plus en plus japonais

Ta cadence en kimono

Est de haut niveau

Maintenant je suis ta mie

Je dors sur un tatami

T’en fais des photos spéciales

Pour vendre à Pigalle

 

[Refrain 2]

 

J’aime le Japon

Grâce à tes photos, j’ai beaucoup de sous

J’aime tes dessous

Pas fripés mais fripons

Faut beaucoup de yens

Pour faire du zen, avoir des loisirs

Là où y’a d’la zêne

Y gnia pas de plaisir

 

 

CHEZ PIVOT

 

En allant chez Pivot, chez Pivot, chez Pivot
Je n'étais pas à l'aise dans ma peau
En allant chez Pivot, chez Pivot, chez Pivot
Je me torturais le cerveau
Parler d'une noble cause
Ou mettre un corsage rose
On me dit: tous les deux sont payants
Faut pas faire mégalo
Faut pas faire intello
Et surtout faut pas mettre de blanc...

Chez Pivot, chez Pivot
Être ou ne pas être
Mettre ou ne pas mettre
J'en deviens dingo
Chez Pivot, chez Pivot
Être ou ne pas être
Mettre ou ne pas mettre
Un chapeau

Si j'imitais Bardot, out Bardot, oui Bardot
En protégeant les animaux
Oui mais j'ai mon vison, et mon sac en croco
Si je tricotais sur le plateau ?
Montrer mes parchemins
La naissance des mes seins ?
On me dit tous les deux sont payants
Montrez votre culture
Soignez votre coiffure
Et dites un mot sur l'Afghanistan.

Chez Pivot, chez Pivot
Être ou ne pas être
Mettre ou ne pas mettre
J'en deviens dingo
Chez Pivot, chez Pivot
Être ou ne pas être
Mettre ou ne pas mettre
Un chapeau

Si j'amenais du pernod, du pernod, du pernod
Pour le planquer dans les lavabos
Si je parlais en argot, en argot, en argot
Si je racontais des trucs pornos ?
Suis-je assez érotique ?
Suis-je assez authentique ?
On me dit: tous les deux sont payants
Mais je reste muette lorsque Pivot me jette:
"Comment s'appelle donc votre roman ?"

 

TANT PIS TANT MIEUX

 

Je crois que l'on peut être heureux
Et sans façon, moi je te dis
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis
Sans être vraiment amoureux
On peut devenir des amis
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis

J'ai un studio petit pour deux
Oui, mais dedans, j'ai un grand lit
Si t'es d'accord, tant mieux
Si tu l'es pas, tant pis
Tout ne serait pas toujours bleu
Mais pas non plus toujours tout gris
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, tant pis
Il faut s'aimer tambour battant
Et surtout quand on a vingt ans
Alors, n'attends pas plus longtemps
Viens dans ma vie ou bien va-t'en

Je crois que l'on peut être heureux
Et se payer un peu d'oubli
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis
Tu peux peut-être trouver mieux
Mais tu peux trouver pire aussi
Si t'es d'accord, tant mieux
Si tu l'es pas, tant pis
Pour moi l'amour, c'est trop coûteux
Et le plaisir est dans mes prix
Si t'es d'accord, tant mieux
Si tu l'es pas, tant pis

Tout ne serait pas toujours bleu
Mais pas non plus toujours tout gris
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis

Tu as toutes les libertés
De refuser ou d'accepter
Je ne peux que te répéter
Complètement décontractée
Je crois que l'on peut être heureux
Et sans façon, moi je te dis
Si t'es d'accord, tant mieux
Si tu l'es pas, tant pis
Sans être vraiment amoureux
On peut devenir des amis
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis
Si t'es d'accord, bon tant mieux
Si tu l'es pas, ben tant pis

 

L’AVENTURIÈRE

 

Aventurière des grands hôtels
Un seul chemin pour le septième ciel
Des émirats à Montmélian
Mon seul désir: traquer le turban
Faut que je caresse Ali Baba
Ou que je drague le Maharadjah
Mon bel émir, viens dans mes bras
Achète mon corps, je suis à toi

Elle jette son corps au fond des bois
Elle jette son corps au fond des bois

Aventurière
Mon beau sultan
Un jour, six mois, un an, cent ans
Prends-moi sur ton tapis volant

Je déambule dans les palaces
De Bornéo à Caracas
A la recherche du grand vizir
Pour assouvir tous mes désirs
Aventurière des lunes de miel
Viens beau bronzé, je te jette l'échelle
Dès que tu déposes ta djellaba
Je relis le kamasutra

Enlève le haut, enlève le bas
Enlève le haut, enlève le bas

Aventurière
Mon beau sultan
Un jour, six mois, un an, cent ans
Prends-moi sur ton tapis persan

Aventurière, je tire l'échelle
Grimpe jusqu'en haut
Mon bel Abdel
De Tripoli à Saint-Nazaire
Me fais pas attendre
Je suis ta moukère
Je me suis mise à la planche à clous
Et je saute comme un kangourou
Qui donc recueille
Tous mes soupirs?
C'est mon unique, mon grand fakir

C'est son eunuque, son grand tapis
C'est son eunuque, son grand tapis

Aventurière
Mon beau sultan
Un jour, six mois, un an, cent ans
Prends-moi sur ton tapis roulant

MINI-MINITEL

Texte : / Françoise Mallet-Joris

Musique : Marie Paule Belle

1987

 

D'abord, j'hésite, je n'ose pas

Puis je l'effleure de mes doigts

Et tout de suite, il réagit

Que ça va vite, je rougis

Moi qui ai un petit problème de langage

Avec des gestes je suis beaucoup moins sage

Je suis timide, mais je crois que j'ai fait une touche

Je me décide et mon message me touche

 

Oui, j'ose

Elle ose

Maintenant, je vois la vie en rose

Mini, mini, mini... minitel

Timi, timi, timidité

C'est pas crimi, crimi, crimi... nel

Mini, mini, mini péché

 

Ça se précise, il a du cran

Mots en chemise sur l'écran

Pudeur de femme, tu en prends un coup

Je n'ai presque plus peur du loup

Moi qui ai un petit problème de contact

Au début j'étais autodidacte

Mais je progresse à la vitesse d'un train

Mais je pianote déjà avec une main

 

Oui j'ose

Elle ose

Et maintenant, je vois la vie en rose

Mini, mini, mini... minitel

Timi, timi, timidité

C'est pas crimi, crimi, crimi... nel

Mini, mini, mini péché

 

Je l'imagine très baraqué

Ou dans un jean bien moulé

Ce qui m'étonne avec ce jeu

C'est que je change d'homme quand je veux

Moi qui avais comme un petit problème

Maintenant je me suis fait un harem

Je suis plus timide

Je suis de plus en plus femme

Je suis plus timide

Mais je suis polygame

 

Oui, j'ose

Elle ose

Mini, mini, mini... minitel

Timi, timi, timidité

C'est pas crimi, crimi, crimi... nel

Mini, mini, mini péché

 

 

LA BICYCLETTE

 

J'aime bien regarder ma bicyclette
j'aime bien astiquer son guidon bleu
et j'aime bien faire tinter sa sonnette

 

Elle me fait rêver et je crois m'envoler
M'asseyant près d'elle pour la regarder

J'aime bien parler à ma bicyclette
et j'aime faire des projets pour nous deux
lui acheter des nickels pour sa fête


Elle me fait rêver et je crois m'envoler
M'asseyant près d'elle pour bavarder

J'aime bien chanter pour ma bicyclette
je vais lui dire bonsoir dans le grenier
mais quelque fois, j'ai peur qu'elle ne s'embête
qu'elle ne me fasse la gueule
qu'elle se sente un peu seule
il faudrait peut-être la promener

 

L'ARBRE DES VILLES ET L'ARBRE DES CHAMPS

 

Un arbre est mal à l'aise
quand il vit loin des bois
Un chêne ou un mélèze
ça n'est pas fait pour ça

Tu as l'air lamentable
perdu dans le béton
un sapin, un érable
lui faut un horizon

Moi, je vis libre et heureux
le vent qui court caresse mes cheveux
mes racines vont au loin
prendre l'eau dont j'ai besoin

Un arbre est mal à l'aise
quand il vit loin des bois
Un chêne ou un mélèze
ça n'est pas fait pour ça

Un arbre est nécessaire
aux enfants des cités
Il devient centenaire
à les voir s'amuser

Je suis leur balançoire
et leur totem indien
Je sers à leurs histoires
déjà, ils m'aiment bien

Je vis utile et heureux
je suis toujours le centre de leurs jeux
et s'ils me traitent avec soin
c'est tout ce dont j'ai besoin

Je deviens leur cabane
mes branches sont leur toit
Un hêtre ou un platane
c'est vraiment fait pour ça

Quand j'aurai pris des forces
quand je serai plus vieux
y aura sur mon écorce
des prénoms d'amoureux

Un arbre est nécessaire
aux enfants des cités
Il devient centenaire
à les voir s'amuser
Il devient centenaire
à les voir s'amuser

 

LE JUDAS

 

J'étais en train de repasser
Les manches de ma solitude
Vous avez eu peur de sonner
J'ai deviné votre inquiétude
En regardant par le judas
J'ai toujours l’œil à mon judas
J'ai toujours l’œil à mon judas
Posez vos deux mains
Le long de mon cou
Ne pensez à rien
Et soyez très doux
Je vous ai dit: veuillez entrer
Vous me plaisez, c'est l'habitude
Après ce tout petit dîner
Préparez-vous à le interlude
Soyez sincère devant moi
Car je suis belle et non Judas
Car je suis belle et non Judas
Posez vos deux mains
Le long de mon cou
Ne pensez à rien
Et soyez très doux
Je vous vois qui passez le nez
Voulez-vous bien être moins prude
Sachez que si vous êtes entré
C'est grâce à vos airs un peu rudes
Déposez donc votre barda
Trahissez-moi, soyez Judas
Trahissez-moi, soyez Judas
Posez vos deux mains
Le long de mon cou
Ne pensez à rien
Et soyez moins doux
Voilà que déjà vous vous rhabillez
Déjà sorti de l'hébétude
Et je sens bien qu'à m'adorer
Vous préférez la quiétude
Envoyez-moi un autre gars
Je vous surveille par le judas
Je vous surveille par le judas

 

GERTRUDE

 

Dans le garage
Éclairé par une bougie
On n'est pas toujours très sage
Enfin tant pis
Dans le garage
Au beau milieu des autos
On se rend des petits hommages
Ce que c'est beau
Oh, mais je vous voir venir
Avec vos grands airs prudes
Pensant déjà au pire
Comme si je m'appelais Gertrude
Dans la remise
Parmi de choses, balais
Pas besoin d'une entremise
Pour se rencontrer
Dans la remise
Sur un sofa tout mité
On fait des concours de bises
A tout casser
Oh, mais je vous vois frémir
Dans vos cols amidonnés
Vous ne voyez que le pire
Comme si je m'appelais Friné
Dans le grenier
Englouti par la poussière
Nous aimons nous taquiner
J'en suis très fière
Dans le grenier
J'aurai bientôt des enfants
Je les y élèverai avec talent
Oh, mais je vous vois sourire
Du haut de vos mains soignées
Et vous regrettez le pire
De vos premières années
Et vous regrettez le pire
De vos premières années

 

 

 

SI J’ÉTAIS VEUVE

 

Je pourrais, si j'étais veuve
Courir les rues et les sentiers
Je pourrais, si j'étais veuve
Aller pieds nus, cheveux défaits
Je pourrais, si j'étais veuve
Sourire aux hommes et les narguer
Je pourrais, si j'étais veuve
Aller à Rome et te oublier
Toi que je supporte
Vingt-quatre heures par jour
Toi qui ne m'apportes
Que de l'ennui toujours
Je serais volontiers ta veuve
Je pourrais, si j'étais veuve
Quitter ces hardes rapiécées
Je pourrais, si j'étais veuve
A l'avant-garde bien m'habiller
Je pourrais, si j'étais veuve
Les corps de garde affectionner
Je pourrais, si j'étais veuve
Dieu qu'il me tarde d'y arriver
Toi que je supporte
Vingt-quatre heures par jour
Toi qui ne m'apportes
Qu'un ennui bien trop lourd
Je serais volontiers ta veuve
Je pourrais, si j'étais veuve
Un beau garçon me dégotter
Je pourrais, si j'étais veuve
A la maison le ramener
Je pourrais, si j'étais veuve
Comme un démon le dévorer
Je pourrais, si j'étais veuve
Mes sensations récupérer
Avant que je te supporte
Vingt-quatre heures par jour
Avant que tu ne m'apportes
Que les relents d'amour
Avant toi j'étais déjà veuve

 

 

LA RÊVEUSE

 

Quand retour de chez Vog, je suis rentrée chez moi
Quand Firmin m'a aidée à ôter mon vison
Quand j'ai baisé au front mon petit chi-wa-wa
Le Rembrandt a bougé sur le mur du salon
Alors exténuée par cet après-midi
Et les mains fatiguées du port de mes diamants
Je me suis écroulée sur le tapis persan
J'ai pensé au bonheur d'habiter un taudis...
Si j'avais un taudis
Je mangerais par terre
Il y aurait des fourmis et des éclats de verre
Si j'avais un taudis
Un antre ou un repaire
J'inviterais des amis à venir prendre un verre d'éther
Et puis Marc est rentré, il a jeté ses gants
Sur la tablette en or où meurt un caoutchouc
Il s'est lavé les mains et m'a dit en chantant:
Je viens de vous tromper, pardon, m'en voulez-vous?
J'ai répondu: mon pauvre, allons, je vous en prie
Et sans cesser de lire le divin Papillon
J'ai senti le Rembrandt m'observer d'un œil rond
Comme j'aurais aimé vivre avec un bandit!
Si j'avais un bandit
Fort comme un cimeterre
Je n'attendrais pas minuit pour partir pour Cythère
Si j'avais un bandit
Je meublerais son repaire
Et avec mes amis j'irais pour prendre un verre de sang
Mais c'est fini de rêver, nous allons au théâtre
Voir je ne sais quel drame, et frôler des duchesses
Aux cheveux argentés, aux figures de plâtre
Tous ces gens que je vois le dimanche à la messe
Plus un instant à moi, des rendez-vous toujours
Robes à essayer, amants d'après-midi
Je n'ai plus une seconde sans Rolls et sans petits fours
Si je pouvais au moins être libre un samedi...
Si j'avais mon samedi
Libre comme une postière
Je resterais dans mon lit jouant les milliardaires
Si j'avais mon samedi
J'enlèverais la poussière
Et avec mes amis j'irais pour prendre un verre au Ritz!

 

 

IL N'Y A RIEN À COMPRENDRE

 

Il n'y a rien à comprendre
Tu es venu, tu repars
Et je n'ai fait que t'attendre
Pour te découvrir trop tard
 
Sur la valse de la vie
Nous dansons à contretemps
Ce que je vise aujourd'hui 
Tu l'as vécu bien avant
 
Quand tu me disais je t'aime
Je riais tout doucement
Et je vois qu'aujourd'hui même 
Tu agis pareillement 
 
Il n'y a rien à comprendre
Tu es venu, tu repars
Et je n'ai fait que t'attendre
Pour te découvrir trop tard
 
Sur la valse de la vie
Nous dansons à contretemps
Ce que je vise aujourd'hui 
Tu l'as vécu bien avant
 
Et si sans le vouloir
Tu as pleuré après mon départ
Avec un temps de retard
Je pleure, vois-tu, comme toi
 
Il n'y a rien à comprendre
Tu es venu, tu repars
Et je n'ai fait que t'attendre
Pour te découvrir trop tard
 
Sur la valse de la vie
Nous dansons à contretemps
Ce que je vise aujourd'hui 
Tu l'as vécu bien avant

 

TOUT VIENT A POINT

 

Vous m'avez dit que j'étais belle

Dans la splendeur de mes vingt ans

Vous savez je suis demoiselle

Vous ai-je dit ingénument

 

Et je sais bien qu'une hirondelle

Ne fait pas le printemps

Et je sais bien qu'une hirondelle

Ne fait pas le printemps

 

Vous m'avez dit cent fois je t'aime

Et je n'ai pas eu peur du tout

Loin de penser au phénomène

Du berger Guillot et du loup

 

J'en suis sûre vous m'aimiez beaucoup

Car de foudre j'avais le coup

J'en suis sûre vous m'aimiez beaucoup

Car de foudre j'avais le coup

 

Vous m'avez dit en un sourire

Le mieux est l'ennemi du bien

Ce n'serait pas mal de faire le pire

Je vous ferai mieux que du bien

 

Et je sais bien qu'une hirondelle

Ne fait pas le printemps

Et je sais bien qu'une hirondelle

Ne fait pas le printemps

 

Je vous ai dit d'un air trop tendre

Patience, attendons demain

Vous vous êtes mis en colère

J'ai joué des pieds et des poings

 

Mon refus ne fût qu'éphémère

Tout vient à point, tout vient à point

On le dit à qui sait attendre

Maintenant j'attends un bambin

CHANSON DE NUIT

Texte : Pierre Grosz

Musique : Marie Paule Belle

Edition : Art Music France, Warner Chappell

Interprète : Bibie

1988

 

C’est pas du disco c’est pas du funky

C’est pas du mambo juste une chanson d’nuit

Pour dire que j’m’ennuie sans toi dans ma vie

C’est une chanson de nuit

 

C’est pas un chopper au tempo vengeur

Qui s’fait des chaleurs à deux cents à l’heure

Une rage, une folie qui déchire qui crie

Juste une chanson de nuit

 

Refrain

Pour une peine de cœur qui vaut la peine

Et j’y pense même pas mais c’est là quand même

Si tu vois l’brouillard sur la Seine

Souviens-toi y’a quelqu’un qui t’aime

 

Les gens des cafés, les gens des taxis

Et ceux dans les cubes des villes endormies

Sauront tous – tant pis – que t’as une amie

Dans une chanson d’nuit

 

Quand les chats s’bataillent là-haut sur les toits

Que cette chanson aille tout droit jusqu’à toi

Te dire que j’m’ennuie, te dire que, voilà

Une chanson pour toi…

 

Pour une peine de cœur qui vaut la peine

Et j’y pense même pas mais c’est là quand même

Si tu vois l’brouillard sur la Seine

Souviens-toi y’a quelqu’un qui t’aime

 

C’est pas du disco c’est pas du funky

C’est pas du mambo juste une chanson d’nuit

Pour dire que j’m’ennuie sans toi dans ma vie

C’est une chanson d’nuit…

 

Et quand j’me rappelle de quand tu m’embrasses

J’essuie pas mes yeux, j’mets les essuie-glaces

Quand j’roule sur la place où commence la pluie

Dans cette chanson d’nuit…

 

Pour une peine de cœur qui vaut la peine

Et j’y pense même pas mais c’est là quand même

Si tu vois l’brouillard sur la Seine

 

Souviens-toi y’a quelqu’un qui t’aime

GARÇON DE CAFÉ

Texte : Françoise Mallet-Joris

Musique : Marie Paule Belle

Edition : Emma Productions

 

 

Deux cinzanin un martino et un pastis rival

Un mal aux pieds, un' veste usée au tarif syndical

Garçon d'café c'est un métier parfait'ment honorable

Trois cafés crème, un thé citron, un demi panaché

Voyez terrasse, un coup d'torchon, et toujours mal aux pieds

Toujours marcher pour n'arriver jamais qu'au bout de la journée

Et dir' qu'avec ces kilomètr's j'aurais pu voir la mer,la mer, la mer,

J'aurais pu fair'la guerre et revenir couvert de gloire.

 

Mais toi qui causes, est-ce que tu oses

Et dir' qu'au lieu d'me crever à porter des chopes

J'aurais marché tout droit je serais à Détroit

Comme tous ces jeun's qui font du stop

Faudrait que j'essaie c'est dans mon horoscope

 

Deux amoureux, un vieux monsieur, une dame avec son chien

Et avec ça ? la verse pour deux ! votre mari va bien ?

Gens du quartier, faut leur parler

Faut toujours être aimable

Un verre de rouge, un coup d'cafard, un ras-le-bol pour deux

 

Je vais je viens il n'faut pas croir' pour ça que j'n'ai pas d'yeux

S'ils vienn'nt rêver dans mon café

C'est qu'ils ont tous la même idée

 

Et dire qu'avec ces kilomètres j'aurais pu voir

La mer, la mer, la mer, ou seul'ment la rivière

Et rev'nir avec une histoire

Qu'on se répète et qu'on regrette.

Et dire qu'au lieu d'aller d'la terrasse au comptoir

J'aurais roulé ma bosse, j's'rais à Saragosse

J'peux quand même pas me fair' clochard

Mais il me semble qu'j'ai dû me faire avoir...

 

 

IL Y A DEUX JOURS QUE JE SUIS À PARIS

Texte : Michel Grisolia / Françoise Mallet-Joris

Musique : Marie Paule Belle

Edition : Emma Productions

Interprètes : Sylvie Vartan / Marie Paule Belle

1977

  

Adieu le petit lavabo

Quand nous pass’rons à Bobino

Adieu la chambre sous les toits

Quand nous pass’rons à l’Olympia

Mais nous n’en sommes pas encore là

 

Un’fois qu’on a les bonn’s adresses

On est déjà du Show bisness

On tutoie les gens du métier

Avant d’les avoir rencontrés

 

Il faut s’faire voir aux grand’premières

Passant par la port’de derrière

Tu vois j’ai déjà tout compris

Y a deux jours que j’suis à Paris

 

Vivre à Paris c’est la vie à l’envers

Vivre à Paris c’est la vie à l’envers

 

Ça nous prendra quelques semaines

 

On s’ra les stars, on s’ra les reines

On chang’ra de robes tous les jours

On vivra de folles amours

 

Au fond c’est pas si compliqué

C’est comme si c’était déjà fait

Mettons vite nos bigoudis

 

Nous allons conquérir Paris

Paris, Paris

Paris, Paris,

Paris, Paris, Paris, Paris, Paris.

 

 

PAYS NATAL

Texte : Françoise Mallet-Joris

Musique : Marie Paule Belle

 

 

Pour sentir l’odeur du pain

Au sésame ou au cumin

Fallait faire la queue longtemps dans ce pays

 

Tout’ la ville n'est que banlieue

On se débrouill’ comme on peut

Il pousse entre les pavés des fleurs meurtries

 

Et pourquoi le mot maison

Là-bas rime avec prison

Et les voisins en sont les gardiens ?

Ici je lis mon journal

Où je veux et c'est banal

Ici je n'ai plus peur au petit matin.

 

Refrain 1 :

Il n'y avait rien à regretter là-bas

Alors je suis partie loin de chez moi

Ici je suis bien, je suis chez moi chez toi

Pourtant j'ai des souv’nirs qui restent en moi

 

Un homme en noir à cheval

Le froid de la cathédrale

Et devant les braseros, dans l’avenue

 

L’aveugl’ au violon très faux,

Dans les rues que des vélos,

J’entendrai toujours ces bruits qui continuent

 

Des travaux jamais finis

Pour des enfants qui en rient

Tous ces visages sans un nom dessus

Pour les voisins d'à côté

Je n’suis pas un’ émigrée

Car ils font comm’ s’ils m’avaient toujours connue.

 

Refrain 2 :

Il n'y avait rien à regretter là-bas

Alors je suis partie loin de chez moi

Ici je suis bien, je suis chez moi chez toi

Pourtant j'ai des souv’nirs qui restent en moi

 

Refrain 3 :

Il n’y avait rien à regretter là-bas

Pourtant j’y pense encore, j’ai un peu mal

Même si je suis loin, si je suis bien chez toi

 

Je n’ai pas quitté mon pays natal

LES SENTIMENTS

 

Paroles : Viviane Forrester

Musique : Marie Paule Belle

Interprète : Pauline Julien

 

Les feuilles tombent, est-ce la peine ?

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

Dehors, on lutte, ailleurs on tue

Nous n’avons plus beaucoup de temps

En silence vont les passants

Acheter leur pain dans la rue

 

Les feuilles tombent, est-ce la peine ?

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

--------------piano-----------------

 

Les heures passent, celles de nos peines

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

C’est bien toujours la même histoire

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Des coffres-forts, des abattoirs

Remplacent le vrai chant absent

 

Les heures passent, celles de nos peines

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

--------------piano-----------------

 

Ton cœur, ma peau, tes yeux, tes veines

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

Les mêmes chants par tant de bouches

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Ici, je t’aime et je te touche

Et c’est ma voix c’est mon accent

 

Ton cœur, ma peau, tes yeux, tes veines

Nous n’avons plus beaucoup de temps

Prends-moi, je veux que tu me prennes

Prends-moi par les sentiments

 

LA SERVANTE  AU GRAND COEUR

 

Poème de Charles Baudelaire

Mis en musique par Marie Paule Belle

 

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,

Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,

Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.

Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,

Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,

Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,

Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,

A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,

Tandis que, dévorés de noires songeries,

Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,

Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,

Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver

Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille

Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

 

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,

Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,

Si, par une nuit bleue et froide de décembre,

Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,

Grave, et venant du fond de son lit éternel

Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,

Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,

Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?