LA CABINE EN VERRE
    Je n'ai pas le téléphone
    Et tu ne m'écris jamais
    Je descends pour t'appeler
    En bas, c'est l'automne
    
    La cabine est sur la place
    J'entends longuement sonner
    Tu n'es pas encore rentré
    Des écoliers passent
    
    Je vois à travers
    La cabine en verre
    Circuler tous ces gens
    Qui s'en fichent éperdument
    De savoir que je t'attends
    Je vois les gamins
    Rentrer des jardins
    Vers la lampe du soir
    J'essaye de te rappeler
    Tu es en retard
    
    Tu finis à six heures trente
    Et j'ai peur d'un accident
    Peur que tu n'aies pas le temps
    Peur que tu me mentes
    
    Entourée de tout ce monde
    Et si seule cependant
    Je te rappelle en tremblant
    Que tu me répondes
    
    Je vois à travers
    La cabine en verre
    Tous ces gens fatigués
    Marchant sans me regarder
    Se dépêchant de rentrer
    Je vois les bistros
    Baisser leurs rideaux
    Comme pour me repousser
    Je vais encore rappeler
    Et j'entends "Allô ?"
    
    Et dans la cabine en verre
    Tu me dis que c'est fini
    Qu'on peut rester bons amis
    Que c'est pas la guerre
    Dehors, un couple s'embrasse
    Et je voudrais bien pleurer
    Déjà quelqu'un vient frapper
    Pour prendre ma place
42 COLONNES CORINTHIENNES
    Quarante-deux colonnes corinthiennes
    Dans la salle à manger
    Et papa qui dormait devant l'eau de Vittel
    Quarante-deux colonnes corinthiennes
    Dans le vieux palace
    Mon enfance bâillait dans la glace
    
    Dehors, le monde bouge
    On assiste à sa peur
    S'effondrent les valeurs
    En bourse et dans le cœur
    L'avenir est douteux
    Paquet que l'on emballe
    Du bout des doigts, des yeux
    Dans du papier journal
    
    Quarante-deux colonnes corinthiennes
    Dans notre société
    Des ministres dormaient derrière de gros dossiers
    Quarante-deux colonnes corinthiennes
    Dans le vieux palace
    Qui tenait debout par miracle
    
    Dehors le monde saigne
    On le voit au ciné
    On espère bêtement
    Qu' ce n'est pas pour de vrai
    L'avenir est douteux
    L'écran bientôt se crève
    On referme les yeux
    Au premier rang du rêve
    
    Quarante-deux colonnes corinthiennes
    Un temple d'autrefois
    Quand c'était la légende, Samson les renversa
    Quarante-deux colonnes éternelles
    Protégeant de la peur
    Dans la vie quotidienne, c'est le géant qui meurt
T'ES MAL EN MÂLE
    T'es mal en mâle
    T'as pas de médaille sur la poitrine
    T'es mal en mâle
    No tatouage on your skin
    Pas de gourmette qui virilise
    Pas de biceps qui terrorise
    T'es mal en mâle
    
    T'es mal en mâle
    Le rugby t'a toujours fait peur
    T'es mal en mâle
    T'aimes pas les footballeurs
    T'es trop fragile pour être fort
    Mais trop fort pour être imbécile
    T'es mal en mâle
    
    Mais je t'aime quand même
    Oui je t'aime quand même
    Ce que tu crois que tu n'as pas
    C'est tout ce que j'aime le plus en toi
    Ne change rien non ne change rien
    T'es pas un mec t'es un homme bien
    
    T'es mal en mâle
    Laisse les briller tous les tarzans
    Qui parlent en s'écoutant
    Toi t'es un héros silencieux
    T'as pas les flammes mais t'as le feu
    T'es mal en mâle
    
    Mais tu te sens bien
    Quand tu m'embrasses quand tu m'étreins
    Oui tu te sens bien
    Quand tu te bats pour les tiens
    Tu deviens grand tu deviens fier
    Tu laisses les autres loin derrière
    Quand tu te sens bien
    
    Car quand tu aimes vraiment tu aimes
    Tu n'es pas l'aventure d'un soir
    Tu as la carrure d'une grande histoire
    À notre époque ce n'est pas rien
    T'es pas un mec t'es un martien
NUAGE ROSE
    Derrière un nuage rose
    Roulant dans ma voiture, un dimanche
    J'ai cru voir quelque chose
    C'était peut-être un ange et j'y pense encore
    
    À la pompe à essence
    Arrêtant ma voiture, un dimanche
    Il m'a semblé entendre
    Une espèce de musique et j'y pense encore
    Mais oui, j'y pense encore
    
    Depuis que je te connais
    Il n'a pas manqué de miracles secrets
    Je t'aime
    J'ai mis des fleurs dans mon parking
    J'ai ouvert au ciel le toit du living
    Je t'aime
    
    Dans un supermarché
    Achetant des oranges, un beau jour
    J'ai cru voir s'envoler
    Tous ces fruits dorés comme des mots d'amour
    
    Me retrouvant dehors,
    J'ai donné mes oranges aux passants
    J'en avais tant donné
    Et pourtant je crois bien qu'il m'en reste encore
    Mais oui, il m'en reste encore
    
    Depuis que je te connais
    Il n'a pas manqué de miracles secrets
    Je t'aime
    J'ai des poissons dans ma baignoire
    Les oiseaux font leur nid dans mes armoires
    Je t'aime
    
    Depuis que je te connais
    Il n'a pas manqué de miracles secrets
    Je t'aime
    J' fais de la musique avec mes clefs
    J' peins ton portrait sur l'écran d' ma télé
    Je t'aime
UNE IMBÉCILE HEUREUSE
    
    Une imbécile, pauvre Cécile
    On me disait "Tu n´es qu´une imbécile heureuse
    bienheureuse"
    C´est ce que l´on disait
    Une imbécile, une débile
    Mais je n´étais finalement qu´une amoureuse malheureuse
    Comme on l´est à quinze ans pour de vrai
    
    Je l´aimais déjà, toute petite fille
    Il m´apportait de beaux bouquets de fleurs
    Quand je voyais qu´il m´avait pris mes billes
    Il était loin et moi, j´étais en pleurs
    
    Une imbécile, pauvre Cécile
    On me disait "Tu n´es qu´une imbécile heureuse
    amoureuse"
    Je l´étais, j´y croyais à jamais
    Une crédule bien ridicule
    On me disait souvent "Mais ça crève les yeux!
    Il n´est pas amoureux ou si peu"
    Une amoureuse, une rêveuse
    Et j´espérais toujours que je serais heureuse amoureuse
    Comme on l´est à vingt ans pour de vrai
    
    Il dérivait vers des filles nouvelles
    Et revenait en m´apportant des fleurs
    J´étais seule à croire qu´il m´était fidèle
    J´étais seule à l´attendre dans mon cœur
    
    Une imbécile, pauvre Cécile
    On disait que j´étais une imbécile heureuse amoureuse
    Je l´étais, j´y croyais à jamais
    Des imbéciles, des imbéciles
    Ceux qui me répétaient que l´amour c´est débile
    Aujourd’hui, j´ me marie, j´en souris
    Une amoureuse, une amoureuse
    Il m´a dit "Tu seras une Cécile heureuse"
    Et c´est vrai, je le suis grâce à lui
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