MAMAN J'AI PEUR

 

C'est pas une vie, la vie d' bureau !
Mon quotidien manque d'Apostrophes
Pas d'aléas, le calme plat
Comme je n'ai rien d'une philosophe
Pour prendre mon pied, j' prends un ticket
Je vais voir un film catastrophe

Un incendie
Tous les samedis
Une avalanche
Tous les dimanches
Un raz-de-marée
Me fait marrer
Quand j' vois King Kong
J' sors de mes gongs
C'est l'ouragan
Je mords mes gants
C'est un requin
J' mords mon voisin
Maman, j'ai peur, je meurs d'angoisse
Je cours au cinéma d'en face

Plante carnivore
Tu me dévores
Fourmi géante
Tu m'épouvantes
Pieuvre en plastique
Tu m' donnes des tics
Baleine en toc
Tu m' donnes des cloques
C'est la bourrasque
Où est mon casque ?
La terre se creuse
Où est l'ouvreuse ?
Maman, j'ai peur, j'ai la migraine
Je reviendrai la s'maine prochaine

La vie d' famille, quelle camomille !
Ça manque un peu de dynamisme
La vie nuptiale, quel Gardénal !
Parfois, j'en perds mon optimisme
Pour prendre mon pied, j' prends un ticket
J'ai besoin d'un bon cataclysme

Meurtres en série
Tous les samedis
Le crime en tranches
Tous les dimanches
Un macchabée
Les jours fériés
Un coup d' matraque
Le jour de Pâques
C'est le milieu
Je ferme les yeux
Ça finit mal
Je quitte la salle
Maman, j'ai peur, je meurs d'angoisse
Je cours au cinéma d'en face

Les p'tits hommes verts
Sont au parterre
On assassine
Aux mezzanines
Un loup-garou
Me fait du genou
Et Frankenstein
Tire sur ma gaine
C'est Fantômas
Qui prend ma place
Arsène Lupin
Qui prend mon sein
Maman, j'ai peur, j'ai la migraine
Je reviendrai la s'maine prochaine

Une momie
Tous les samedis
Un mort-vivant
Le jour suivant
Un vieux satyre
Pour mes loisirs
Les spectres dansent
Pour mes vacances
Le vampire passe
Je mange une glace
Il mord mon cou
J' mange des cachous
Maman, j'ai peur, je meurs d'angoisse
Je cours au cinéma d'en face

Un dinosaure
Dans les décors
Un gros serpent
Au second plan
Y a un mammouth
Qui casse la croûte
Une cannibale
Qui m' rend toute pâle
Le monstre meurt
Bientôt c'est l'heure
Le monstre est mort
Bientôt l'on sort
Le rideau tombe
Sur ces fantoches
Mes voisins sont encore plus moches

 

 

JE VIS MA MORT A CHAQUE INSTANT

 

De tout mon corps, de tout mon sang
Je vis ma mort à chaque instant
Comme une chambre inhabitée
Comme une plage à marée basse
Devant la mer qui me ressasse
Des mots amers, des mots de mort
Qui tourbillonnent et qui se cassent
Et tu habites dans mon corps

[Refrain]
Et je t'arracherai
Et je séparerai
La nuit de ses racines
Ma vie de son tracé
L'amour de sa famine
Les journées de leurs lois
Je le ferai
Même si j'en meurs une autre fois
Et je t'arracherai
Et je séparerai
Le cri des épousailles
De nos corps emmêlés
Comme sont les broussailles
Sur les champs de bataille
Que seul un incendie peut séparer

De tout mon corps, de tout mon sang
Je vis ma mort à chaque instant
Comme un chantier rongé de rouille
Comme un parking désaffecté
Une cité morte où tu fouilles
Pour des vestiges éclatés
Et tu habites une dépouille
Que le froid vient de calciner

[Refrain]

Et je t'arracherai
Et je séparerai
Le cri des épousailles
De nos corps emmêlés
Comme sont les broussailles
Sur les champs de bataille
Que seul un incendie peut séparer

 

 

LA MATRAQUE

 

Il avait trop d'agressivité
Sa maman ne l'avait pas aimé
On lui avait pas donné de caresses
Alors il est devenu CRS

Et nuit et jour
Par manque d'amour
Il se défoule
Frappant la foule
Bravant sans peur
L'avis de ses supérieurs

Il matraquait matraquait matraquait...
Les jeunes les beaux les laids
Les blancs et les foncés
Et même les types français
Et c'était pas truqué
Il matraquait matraquait matraquait...
Dans les rues les troquets
Dans son froc étriqué
Complètement détraqué
Et c'était pas truqué

Ces chefs lui avaient fait des critiques
Vu qu'il avait trop de sens civique
Ça vous l'a rendu contestataire
Il s'est mis à cogner sur ses confrères

Et nuit et jour
Par manque d'amour
Comme une bête
Il fait leur fête
À tous les siens
Qui l'ont nourri dans leur Syndicat

Il matraquait matraquait matraquait...
Les juges et les poulets
Les gendarmes et l'armée
Les flics et les gradés
Et c'était pas truqué
Il matraquait matraquait matraquait...
Dans son froc étriqué
Jappant comme un roquet
À force de se dégrader
On l'avait dégradé

Un jour par l'amour tyrannisé
Son rythme intérieur s'est précisé
Depuis ce jour où il s'est dit "stop"
Il s'est recyclé c'est un chanteur pop

Finie la boxe
C'est le juke-box
Plus de matraque
Il a le trac
Il chante l'amour
Il vient d'enregistrer un 33 tours

Et on va le matraquer matraquer matraquer...
La radio la télé
La France et l'étranger
Vont nous le ressasser
Bien qu'on leur crie "ASSEZ"
Le matraquer matraquer matraquer...
Il n'a pas renoncé
Les crânes à défoncer
Les dents à faire grincer
Mais cette fois c'est truqué

 

 

MES MOTS D'AMOUR

 

À force de voir se fermer
Les portes de ma liberté
Dans tes mains de propriétaire
À force de voir mes poignets
Prisonniers de tes bracelets
Mon corps obligé de te plaire

[Refrain:]
Mes mots d'amour
Je les donne à la mer
Et je les donne aux forêts
Pour qu'ils s'y dispersent
Mes mots d'amour
Je les donne à l'été
Je ne veux pas les tenir prisonniers

À force de voir se ternir
Les trésors de notre avenir
Dans tes mains de marchand d'esclaves
À force de voir retomber
L'envol où je veux t'entraîner
Et l'amour devenir entrave

[Refrain]

À force de s'aimer ainsi
Notre amour est devenu petit
Et nous vivons dans une cage
Si tu en retrouvais la clef
Je reviendrais à tes côtés
Comme dans nos premiers voyages

 

[Refrain]

 

 

A DAMIA

 

[Refrain:]
Quand j'entends la grande Damia
J'aimerais bien chanter comme elle
Des chansons plus simples et plus belles
On en chantait dans ce temps-là

Y avait encore des goélands
Des marins, des bals de banlieue
Des soirs tristes et des aubes bleues
On se mourait pour un absent
On n'avait pas peur des grands mots
Même s'ils sont un peu ridicules
On osait vivre en majuscules
Avec des rires et des sanglots

[Refrain]

Y avait des accordéons tristes
Pour des amours un peu boiteuses
Le malheur s' mettait en veilleuse
La misère n'avait pas de touristes
On n' rougissait pas des berceuses
Qui calment, un moment, la peine
Le mal de vivre était le même
Mais y avait des minutes heureuses

Quand j'entends la grande Damia
J'aimerais bien chanter comme elle

 

[Refrain]