JE VEUX ÊTRE UNE GARCE

 

J'en ai assez d'être ta copine
Une sur laquelle tu peux compter
Une anodine
Une à qui tu peux faire confiance
Une que tu bourres de confidences
Les yeux mouillés
Une qui fait l' café de minuit
Une qui te trouve de l'aspirine
Qui te dit qu' ça va s'arranger
Avec Christine ou Caroline

J' veux être une garce
On doit pouvoir y arriver
J' veux être une garce
Briser ton cœur, pas le recoller
Arriver deux heures en retard
Pendant que tu bloques le standard
On doit pouvoir s' faire apprécier
S' faire désirer, on doit pouvoir
Se faire aimer, on doit pouvoir

J'en ai assez d'être ta mère
Ta petite sœur, ta bonne d'enfant
Ton infirmière
J' veux sans raison que tu t'inquiètes
De mes humeurs, de mes conquêtes
En me moquant
J' veux que tu m'invites au restaurant
Sans même penser qu'on est le trente
Faire des achats exorbitants
Et après n'être pas contente

J' veux être une garce
On doit pouvoir y arriver
J' veux être une garce
Puisqu'il faut ça pour être aimée
Inventer plein de rendez-vous
Pour te rendre encore plus jaloux
On doit pouvoir s' faire apprécier
S' faire désirer, on doit pouvoir
Se faire aimer, on doit pouvoir

J'en ai assez, je veux être une garce
Une que les femmes vont détester
Pas une comparse
Une dont toute les filles s'exaspèrent
“Mais qu'est-ce qu'elle a donc pour lui plaire ?”
J' veux triompher
Mais si j' te voyais malheureux
Qui serres les poings, qui te tourmentes
Saurais-je détourner les yeux
Faire semblant d'être indifférente ?

J' veux être une garce
Est-ce qu'il faut ça pour être aimée
J' veux être une garce
Je n' suis peut-être pas douée
Peut-être en attendant encore
Tu reviendras pris de remords
On doit pouvoir se faire aimer
Oui, quand on aime, on doit pouvoir
Sans être une garce, on doit pouvoir

 

 

J'AI PAS TROUVE LE PÈRE

 

Je suis égoïste mais c'est pas pour ça
Que j' n'ai pas d'enfants. Je les aime
Je suis féministe mais c'est pas pour ça
C'est le père qui pose un problème

J'ai pas trouvé le père définitif
J'ai vu des types sincères mais négatifs
Les mecs marrants sont tous mariés
Les types sérieux sont sclérosés
Et mon cœur n'était pas affirmatif

[Refrain:]
Enfin, pour passer un moment
Ils f'saient l'affaire
Mais pour donner à un enfant
C'était pas l' pied, c'était pas l' père !

J'ai vu des garçons chiants qui aimaient qu' leur chien
D'autres très séduisants qui n'aimaient rien
Des P.D.G. manquant d'humour
D'autres qui étaient pédés tout court
Et mon cœur poursuivait son examen

[Refrain]

Je voyage beaucoup mais c'est pas pour ça
Que j' n'ai pas d'enfants. Je les aime
J' n'ai pas trop de sous mais c'est pas pour ça
C'est le père qui pose un problème

J'ai vu de belles carrures fumant la pipe
Qui ciraient leurs chaussures avec mon slip
De fiers pilotes à réactions
Qui ne m'en procuraient pas, non !
Et mon cœur poursuivait ses réflexions

[Refrain]

 

Enfin, je t'ai connu par distraction
Je me suis dit “Un de plus, examinons”
Pourtant, j' te trouvais sympathique
Le temps d'aller faire un pique-nique
Je ne me posais même plus la question

On n' s'est plus quitté un instant
Et si j' suis mère
Je pourrai dire à mon enfant
"C'est peut-être pas l' pied mais c'est ton père !"

 

 

LE PASSEUR DE CAFARD

 

Certains soirs de cafard
On en a plus que marre
On roule des idées noires

Parlez pas de printemps
De soleil ni d'enfant
Mais parlez-moi de pluie
D'un beau ciel gris
Et vive la douce mélancolie
Et l'ennui

Cachez-moi toutes ces choses
Qui font la vie en rose
Et laissez-moi, j'ai ma dose

Je suis allée un soir
Avec mes idées noires
Voir un passeur de cafard

Il avait cent-dix ans
Il m'a dit “Mon enfant
Nous passerons demain
Amène ton chagrin
Ne t'en fais pas et dors bien
À demain”

De grand matin debout
Chagrin autour du cou
J'étais à son rendez-vous

Et il m'a fait passer
C'était l'autre côté
Dans un immense grenier

On voyait des miroirs
Des milliers de miroirs
Reflétant mon cafard
Défilant des espoirs
“Regarde-toi, me dit-il
C'est fini”

Sur un geste de lui
Les miroirs ont souri
Et doucement, il m'a dit
“Tu es guérie”

 

 

SONATINE OU SONOTONE

 

Il jouait du piano
À la fenêtre ouverte
Moi, dans la rue déserte
J' m'arrêtais illico
Il avait tant de cheveux
Dans les doigts tant de feu
Qu' j'en étais chavirée
Je criais mon émoi
C'était au rez-de-chaussée
Il ne répondait pas
C'était au rez-de-chaussée
Et il ne répondait pas

[Refrain:]
Ce type qui me rend maboule
Quies ! Qui est-ce ?
Ce type qui me met en boule
Quies ! Qui est-ce ?
Je crie à me rendre aphone
Un seul mot et je me donne
Mais il n'entend qu'à moitié !
Sonatine ou sonotone ?
Je ne sais !

J'ai l'amour du piano
Je l'aime à la folie
J'adorais Rossini
Et il me tourne le dos
Mais cet homme-là me plaît
J' veux savoir qui il est
On me dit : C'est Beethov'
Je n' connais pas ce nom
J' le veux dans mon alcôve
Qu'il y consente ou non
J' le veux dans mon alcôve
Qu'il y consente ou non !

[Refrain]

Lorsque j'ai connu Bach
Je m' suis dit : Y m' subjugue
L'affaire est dans le sac
Mais il faisait des fugues
À mes élans d'amour
Beethoven reste sourd
À force de crier
J' n'ai presque plus de voix
Je ne saurai jamais
S'il était sourd ou pas
Je ne saurai jamais
S'il était sourd ou pas

 

J'AI PERDU UN AMI

 

J'ai perdu un ami
C'est un demi chagrin
Du moins c'est ce qu'on dit
C'est ce qu'on croit du moins
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?

Pas perdu les baisers les amours les serments
Pas pleuré pas gueulé pas appelé maman
La surprise d'abord et puis le cœur tout froid
Pourquoi tu ne veux plus
Jouer avec moi?
Pourquoi tu ne veux plus
Jouer avec moi?

J'ai perdu un ami
C'est un demi chagrin
Du moins c'est ce qu'on dit
C'est ce qu'on croit du moins
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?

Pas perdu les grands mots mais les petites joies
Pas connu les sanglots pourtant on est à plat
C'est la mauvaise grippe on a la gueule de bois
Pourquoi tu ne veux plus
Jouer avec moi?
Pourquoi tu ne veux plus
Jouer avec moi?

J'ai perdu un ami
C'est un demi chagrin
Du moins c'est ce qu'on dit
C'est ce qu'on croit du moins
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?
Qui va pleurer sur toi
Quand tu perds un copain?

Because pas l'téléphone because grande passion
Because trop de travail divergences d'opinions
Because n'importe quoi on s'est perdu de vue
Quand on perd un ami
C'est parfois beaucoup plus...
Quand on perd un ami
C'est parfois beaucoup plus...

 

 

HEUREUSE PAR HASARD

 

La voix dans le poste a dit que tout va mal
Que tout va mal, que tout va mal
Mais qu'avec mixer, voiture et Gardénal
Tout redevient presque normal
Écoute la météo
Va faire chaud
Et puis vers la fin du mois
Va faire froid

[Refrain:]
Moi, j'ai pas envie d'acheter ma vie dans un bazar
De suivre les flèches dans un couloir
Et je dis bien haut, bien fort, que je voudrais avoir
Le droit d'être heureuse par hasard

Liberté chérie, faudrait marcher dans les clous
Marcher dans les clous, oui, dans les clous
Toute ces fantaisies, ça n' se porte plus du tout
C'est justement ça qui rend fou
Je fonce à tombeau ouvert
Au feu vert
Aussitôt le rouge est là
Bouge pas !

[Refrain]

Ce n'est pas facile de programmer le bonheur
Sur ordinateur, ordinateur
Et je crie bien haut, bien fort, que je veux avoir
Le droit d'être heureuse par hasard

[Refrain]

 

 

L'AMOUR DANS LES VOLUBILIS

 

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

C'est une chambre charmante
Où une plante grimpante
Insinue ses tiges vertes
Par la fenêtre entr'ouverte,
Elle rend nos journées plus belles
Et le lit devient tonnelle
Fleurs violettes et violentes,
Comme celles des amours naissantes

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

Notre amour suit les caprices
Des fleurs devenues complices
Qui nous frôlent de leurs pétales
En caresses végétales,
Si les fleurs ont un langage
Nous déchiffrons leur message
De parfum tendre et troublant
Qui dit: «Vivez dans l'instant»

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

Matins, midis ont passé
Et les fleurs vont se fermer,
Bientôt la nuit va venir
Douce comme un souvenir,
Que m'importe si tout passe,
Si tout se fâne et s'efface
Je garde un bouquet au cœur
Fait d'un homme et d'une fleur

Ah ! Ah ! Quel délice !
L'amour, l'amour dans les volubilis !

 

LE BLUES DES 80 ANS

 

Quand j'aurai quatre-vingts ans
Que je n'aurai plus d'amants
Je commencerai enfin à chanter le blues
Ça n' sera pas commercial
J'ai pas la voix idéale
Mais je m'en foutrai complètement
Et je m'en foutrai, complètement, complètement

Quand j'en serai à quatre-vingt
Dans les grands magasins
Je bousculerai tout le monde pour passer d'abord
À moi les fringues, les chapeaux
J'aurai peut-être l'air idiot
Mais je m'en foutrai plus encore
Et je m'en foutrai, complètement, complètement

Quand j'aurai quatre-vingt ans
Je n' serai plus une enfant
J'irai m'éclater enfin dans les partouzes
Ce n' sera pas très moral
J'aurai l' physique qui s'affale
Et je m'en foutrai complètement
Et je m'en foutrai, complètement, complètement

Quand j'aurai quatre-vingts ans
S'il me reste quelques dents
Je déciderai que je n'ai plus mal au foie
Je commencerai mon régime
En allant chez Maxim's
Et je ferai des chèques en bois
Et je m'en foutrai complètement, complètement

Quand je n' serai plus qu'une vieille peau
Pour voir les films pornos
J'entrerai sans rougir à midi tapant
Et si on m'y offre un rôle
J' trouverai ça tellement drôle
Que j'accepterai probablement
Et je m'en foutrai complètement, complètement

Quand j'aurai quatre-vingts berges
Je serai peut-être concierge
Mais j' continuerai à chanter le blues
Même à quatre-vingts balais
Sans beaucoup de monnaie
On peut continuer à chanter
À chanter, chanter tout l' temps, tout l' temps, tout l' temps le blues
À chanter tout l' temps, tout l' temps le blues
Et je m'en foutrai complètement, complètement
Et je m'en foutrai complètement, complètement, complètement
Et j' continuerai à chanter le blues
Et je m'en foutrai complètement, complètement, complètement